La crise migratoire que traverse l’Europe, et par voie de conséquence la France, génère son lot de mensonges, de manipulations et autres petits arrangements. Tout semble de nature à s’intégrer dans un système de pensée qui ne semble plus réfutable par l’entremise de deux éléments, la partialité et la dictature de l’émotion. Deux cas concrets pour commencer.
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Afin de contrer toute idée d’une « submersion migratoire », pour reprendre les mots d’Éric Ciotti, le défenseur des droits – terme pompeux pour dire cerbère de la bien-pensance – Jacques Toubon a cru bon d’évoquer la nullité du solde migratoire français[1]. En premier lieu, la difficulté à s’entendre sur ce que désigne le terme « immigré » conjuguée à la relative facilité d’accès à des papiers français concourent à adopter un certain scepticisme s’agissant de cette donnée. Aussi, un solde migratoire nul ne dit à peu près rien d’autre que ceci : il y autant de gens qui quittent le territoire national qu’il n’en arrive. En d’autres termes, Jacques Toubon, relayé par l’inévitable Bernard-Henri Lévy, feint de ne pas comprendre que les gens qui quittent la France ne sont pas les mêmes que ceux qui arrivent. De sorte qu’un solde migratoire nul peut, à grande échelle, cacher un réel changement de composition d’un pays. Le raisonnement est de niveau CM2.
Le deuxième cas bat en brèche l’idée que les vagues migratoires qui se succèdent ne constitueraient pas un poids pour les économies européennes mais au contraire une richesse. Ce qui est amusant, c’est qu’il semble d’une certaine manière confirmer l’existence d’une immigration de grande ampleur, non pas en en minimisant le volume, mais en en défendant l’intérêt économique. Ainsi la féministe intersectionnelle Rockhaya Diallo s’est fendu d’un tweet, mardi 26 juin, dans lequel elle partageait un article[2] de 20 minutes intitulé : « Pourquoi les migrants ne sont pas une charge économique pour les pays européens, selon une étude du CNRS ». Il est toujours fascinant de constater à quel point d’un côté l’être humain, par son scepticisme et sa peur du néant de l’incompréhension, est souvent prompt à rejeter la science et de l’autre à s’en prévaloir lorsqu’elle valide le dogme. Mon propos ici ne fait évidemment pas exception. Pour autant, toute étude, même portée par des génies de l’économie, a quelque chose de contestable tant il est évident que la lecture des chiffres est forcément biaisée par les convictions politiques. L’économie n’est point une science exacte. Jacques Généreux, l’économiste de Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017 aurait-il effectué la même lecture de ces chiffres que Philippe Chalmin, l’économiste de Fillon ? On ne peut accorder un crédit total à aucune étude de ce genre. Diallo, elle, lui donne un blanc-seing. Je laisse au lecteur le loisir de lire cette enquête et de se faire son opinion. Globalement, il en ressort entre autres que l’augmentation du flux de migrants fait diminuer le taux de chômage, augmente le PIB ainsi que les recettes fiscales des états européens.
Faisons un simple constat. Depuis Jospin, le nombre de titres de séjour délivrés chaque année est passé de 150 000 à 267 000 en 2017. Le nombre de demandeurs d’asile a explosé avec plus de 100 000 demandes cette même année. Ces chiffres ne prennent pas en compte l’immigration illégale. Dans le même temps, le taux de chômage a battu des records et peine à diminuer. Notre croissance ne décolle pas. La dette de notre Etat, qui vit au-dessus de ses moyens, demeure abyssale. Nous pourrions continuer des heures à faire le bilan, force est de constater que l’immigration, bien que croissante chaque année, ne règle aucun de nos problèmes économiques. Et ces économistes voudraient nous faire croire qu’il en faut davantage ? Si l’immigration constituait réellement le remède à tous nos maux, c’est 1 000 000 de titres de séjour qu’il aurait fallu donner chaque année. Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ?
Enfin, le bonheur d’un peuple, sa cohésion, son amour d’être ne se lisent nullement dans des histogrammes ou des diagrammes à bâton. L’économie et le confort matériels – quand bien même ces chiffres seraient vrais et nous avons vu que l’on peut en douter – ne constituent point les seuls chemins vers la béatitude collective. Le peuple français est doté d’une mémoire et d’un cœur, lesquels lui permettent tous les jours de constater que son environnement change et se dégrade. Le peuple français constate quotidiennement que la France et sa culture s’évaporent toujours un peu plus dans un multiculturalisme teinté de haine de soi. De sorte qu’il refuse majoritairement[3] l’arrivée de populations aux mœurs et à la culture diamétralement opposés, comprenant que leur mode de vie est désormais menacé par l’abandon de notre tradition assimilationniste et de notre maîtrise de nos frontières.
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Sur l’autel des bons sentiments, nous avons sacrifié notre bon sens. De sorte que nous sommes incapables de formuler les observations les plus élémentaires. En voici quelques-unes :
Les bateaux qui se disent humanitaires ne demandent jamais l’autorisation d’accoster en Tunisie ou en Algérie, pays qui ne sont nullement en guerre. Le port le plus proche pour l’Aquarius, venant de Lybie, est d’ailleurs celui de Tunis. L’Europe est l’unique destination d’accueil des migrants. Personne ne conteste ce point alors que des pays qui ne sont pas en guerre, richissimes, musulmans comme l’immense majorité des migrants, pourraient parfaitement accueillir ces derniers. On pense au Qatar, aux Emirats Arabes Unis ou encore à l’Arabie-Saoudite. Les migrants sont dans l’immense majorité des hommes, généralement jeunes. Fuient-ils sans leurs femmes, sans leurs mères, sans leurs sœurs et sans leurs filles ? Les laissent-ils dans le pays en guerre ? On peut alors légitimement s’interroger sur leur sens des responsabilités. Du reste, on sait aussi que l’immense majorité des migrants ne vient pas d’un pays en guerre. Le premier pays de départ des migrants débarqués en Italie est la Tunisie. Or il n’y a ni guerre, ni famine en Tunisie. De là la nécessité de savoir qui vient d’où. Cela n’a rien de l’horrible fichage nazi comme le suggère la gauche bien-pensante, mais davantage de la nécessité d’offrir son aide à qui en a réellement besoin. On peut se demander si les migrants sont réellement en détresse sur les navires humanitaires, lesquels sont en parfait état de marche et régulièrement ravitaillés. On peut également s’interroger sur le parcours de ces bateaux qui vont chercher les migrants à seulement quelques kilomètres des côtes libyennes, probablement avertis par les passeurs, de sorte que ce sont dorénavant ces deux protagonistes qui font le jeu de la politique migratoire française et européenne, profitant ainsi de la léthargie des politiques.
Mais le point le plus fondamental dans cette crise qui dure depuis des années réside dans l’hypocrisie voire la lâcheté des bonnes consciences de gauche, lesquelles nous expliquent doctement que notre devoir est d’accueillir ces migrants fuyant la guerre ou le dénuement. Tout d’abord, leur dénuement leur a tout de même laissé la place pour réunir a minima 3000 euros par individu pour payer un passeur, somme que de nombreux français ne possèdent pas sur leur compte bancaire. Par ailleurs, on peut estimer que ceux qui partent sont ceux qui économiquement disposent des plus importantes ressources, lesquelles pourraient s’avérer très utiles pour leurs pays d’origine et les habitants qui y demeurent contraints et forcés par leur pauvreté. Les bonnes âmes de gauche se félicitent de participer à un système qui leur donne bonne conscience d’un côté, et qui vide la substance économique et masculine de ces pays en détresse de l’autre.
Ce n’est pas tout. Pour justifier ce procédé indigne, les « migrantiers » mettent en valeur l’inestimable apport intellectuel de ces migrants, lesquels seraient en réalité docteurs, ingénieurs ou encore de géniaux artistes. Sur l’Aquarius ou le Lifeline se cacheraient les Steve Jobs et Leonard de Vinci de demain. En premier lieu, c’est spéculer bien vite sur les qualités de ces migrants qui semblent oublier leurs femmes dans leur fuite. Ensuite, comment peut-on avoir l’audace de se targuer moralement de piller les ressources intellectuelles, si tant est qu’elles en sont bien sûr, de ces pays en difficulté ? Ces ressources nous sont-elles plus utiles à nous, pays européens ? Ne seraient-elles pas plus utiles dans la construction ou la reconstruction de ces pays en guerre ou dans la détresse ? Comment peut-on avoir l’outrecuidance de prétendre aider ces pays alors que nous nous félicitons, en réalité, de les piller intellectuellement et économiquement pour notre plus grande fortune ? Une action morale et soi-disant désintéressée ne saurait se justifier par le gain que ladite action génère, mais davantage par une entreprise hédoniste du don de soi. Or d’un côté nous nous faisons les complices des passeurs en les pillant ; de l’autre nous nous en gargarisons par l’apport intellectuel et économique que ce pillage génère (ce qui est largement discutable, nous l’avons vu). Car la seule question qui vaille est celle des populations qui ne peuvent pas partir. Allons au bout du raisonnement des bonnes consciences de gauche et là, de deux choses l’une :
- Soit nous accueillons toutes les personnes en danger : les populations qui fuient la guerre, la pauvreté, la famine ou encore le climat (car la priorisation des détresses poserait un évident problème éthique). Nous procéderions alors de manière inconséquente à l’instauration du chaos en Europe et en France, laquelle n’aurait évidemment pas les ressources pour absorber culturellement et économiquement de tels flux,
- Soit nous décidons de nous acheter une bonne conscience en acceptant de prendre en charge plusieurs millions de migrants. Et nous nous rendrions alors complices de l’appauvrissement culturel, intellectuel et économique des populations qui, elles, n’ont pas la possibilité de quitter leurs pays, tout en procédant par la même occasion au déséquilibre culturel, social voire économique de l’Europe comme de la France.
Par conséquent, ces deux alternatives ne proposent aucune solution valable et durable ni pour l’Europe, ni pour les pays de départ. Christophe Castaner a indiqué qu’un chrétien d’Orient a vocation à vivre en Orient. Il ne saurait en être différemment de toute population. Ou alors, qu’il nous explique pour quelle raison certains peuples seraient considérés comme les bienvenus et d’autres non.
Il est temps également de faire la paix avec notre conscience. Protéger ses frontières est un droit inaliénable autant qu’une condition sine qua non de la souveraineté des Etats. D’innombrables pays ont fait le choix raisonnable de se protéger sans pour autant tomber dans le nazisme. Nous ne devons plus verser dans la naïveté béate en partant du principe que tout individu qui cherche à fouler le sol européen est bon par nature. Il y a quelque chose de niais et de narcissique à considérer que l’humanité tout entière ne nous voudrait que du bien. Et certains éléments semblent attester que parmi les migrants – que nous allons chercher par convois entiers – ne se cachent pas nécessairement les Gandhi de demain. Le Monde nous apprenait en 2015 à ce titre que parce que chrétiens, des hommes et des femmes étaient jetés à la mer par des migrants musulmans[4].
Maîtriser ses frontières n’est pas une honte. La Tunisie a fait le choix de construire un mur la protégeant des infiltrations terroristes venant de Libye. De notre côté, nous ouvrons grand nos frontières, sans filtre aucun, mais nous protégeons la Tour Eiffel du terrorisme par un mur de verre. Notre bonne conscience est à ce point aliénante qu’elle nous conduit à marcher sur la tête et à toujours plus nous détester alors qu’on apprenait il y a quelques jours seulement, que l’Algérie était accusée d’avoir abandonné 13 000 migrants, hommes femmes et enfants sans eau ni nourriture dans le Sahara[5].
Michel Rocard a dit un jour que l’on ne pouvait accueillir toute la misère du monde. Il avait également ajouté, on l’oublie souvent, que la France devait prendre sa part avec bienveillance et hospitalité. Il semble que nous l’avons déjà fait depuis bien longtemps. Et que si l’on objecte que la France a déséquilibré certaines zones du monde, ce qui est indéniable, le peuple lui n’a jamais voulu de ces guerres bernardhenrilévienne… La raison doit triompher de l’émotion, et à ce titre, notre politique migratoire doit être réfléchie et mesurée… ce qui semble pour le moins impossible par les temps qui courent tant nous sommes assujettis à la dictature des passeurs et des ONG. Enfin c’était avant l’accord trouvé entre les pays européens, lequel laisse libre-champ aux états de dire non. La balle est désormais dans le camp d’Emmanuel Macron. Charge à lui de montrer ce qu’il a dans le ventre. Enfin, nous devons aider ces pays en détresse par une politique diplomatique efficace ainsi qu’une aide financière et matérielle. Car le déplacement de ces populations à grande échelle ne fait que déplacer la misère et appauvrir encore davantage les pays de départ.
[1]http://www.europe1.fr/politique/il-fallait-donner-a-laquarius-une-reponse-humanitaire-estime-jacques-toubon-3691403
[2]https://www.20minutes.fr/economie/2294095-20180621-pourquoi-migrants-charge-economique-pays-europeens-selon-etude-cnrs
[3]http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/09/15/01016-20170915ARTFIG00297-sondage-les-francais-jugent-severement-l-immigration.php
[4]https://www.lemonde.fr/europe/article/2015/04/17/des-migrants-chretiens-auraient-ete-jetes-a-la-mer-par-des-musulmans-au-large-de-l-italie_4617899_3214.html
[5]https://www.marianne.net/monde/marche-ou-creve-l-algerie-accusee-d-avoir-abandonne-13000-migrants-dans-le-sahara
Je dirais même plus : il va nous montrer ce qu’il a dans le slip !
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