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Dans Le bon, la brute et le truand, Clint Eastwood divise le monde en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. L’affaire du hijab Décathlon divise la France en deux catégories : ceux qui estiment que le hijab, pareil au voile, est un outil d’asservissement de la femme autant qu’un signe d’appartenance communautaire et religieux ; et ceux qui pensent qu’il est pleinement de la liberté des femmes de courir en se voilant la tête si elles le souhaitent. J’appartiens sans hésitation à la première catégorie. Devant la pression, l’enseigne Décathlon a renoncé à son projet de commercialiser son hijab. Mais on peut tirer plusieurs conclusions.
Tout d’abord, la communication de Décathlon fût particulièrement surprenante. Au départ, l’enseigne du nord expliqua qu’il s’agissait d’une erreur – le produit étant uniquement destiné au marché marocain – avant de déclarer finalement que le hijab serait bien commercialisé en France. L’ « erreur » n’en était peut-être pas une et on peut se demander si Décathlon n’a pas cherché à sonder l’opinion publique en début de polémique. Après quoi, Décathlon a adopté une autre stratégie en défendant son initiative et son produit avec des arguments tout à fait discutables.
Derrière le voile de la morale : le relativisme
En premier lieu, non. Contrairement à ce qu’affirme Décathlon, le hijab n’est pas un vêtement comme les autres. Il ne s’agit pas d’un simple morceau de tissu mais d’un outil d’asservissement des femmes qui pourrit la vie de plusieurs centaines de millions d’entre elles à travers le globe. Il faut bien se souvenir que le voile a un sens profond, celui de préserver la pudeur et le corps tentateur des femmes. L’enfermement du corps féminin dans un linceul d’hypocrisie bigote n’a rien du paradis libertaire que promeut Décathlon à travers ses discours moralisateurs et bien-pensants. Dans de nombreux pays musulmans, les voix des femmes se lèvent contre cette pression du voile, symbole de leur oppression et chez nous, en France, une enseigne française en fait l’apologie en le décrétant comme un symbole de liberté ! Mais quelle vaste plaisanterie. Et qu’on ne me parle pas de la liberté ou non de porter un hijab pour courir. Il est évident qu’il n’y a aucune liberté de choix lorsqu’on a pour option d’afficher sa pudeur par conformité aux usages de la communauté d’un côté, et se comporter comme une pûte libertine et traîtresse de l’autre… Par ailleurs, Décathlon explique que des femmes musulmanes courent déjà avec un hijab, lequel s’avère inadapté et peu pratique, d’où la nécessité de leur proposer un produit correspondant à leurs besoins. Ce n’est pas parce que la pratique est courante, si je puis dire, qu’elle doit pour autant être tolérée et encouragée. Par cet argument, on pourrait se dire qu’il serait moral de proposer des blocs opératoires adaptés, un personnel qualifié et une meilleure écoute pour pratiquer l’excision. Bah oui ! Si ça se fait, autant que ce soit dans le confort !
La dictature du droit :
En second lieu, l’argument servi par les défenseurs de l’initiative de Décathlon ainsi que par l’enseigne Décathlon elle-même est la légalité du hijab. Evidemment, c’est légal. Mais la légalité n’a rien à voir avec la morale. Ce sont deux choses bien distinctes. Il est illégal de diffamer, d’inciter à la haine, de violer, de voler ou de tuer quelqu’un. En revanche, la loi n’interdit pas d’être égoïste, égocentrique, pingre, coléreux, mesquin, hypocrite, vaniteux ou vulgaire. Bref, la légalité d’un fait ne dit rien de sa moralité. Comme dit Michel Onfray : « La justice dit le droit. Elle ne dit pas le vrai, ni le juste ».
Pour aller plus loin sur la question du voile, je renvoie ici à l’article « Le sens du voile » qui est un extrait de mon livre Homo-Dominatus ou l’imposture néo-féministe.
Aucune entreprise n’a de vertu morale autre que le profit :
Enfin, avant de renoncer à vendre son hijab sur le sol français, Xavier Rivoire, Directeur de la Communication de Décathlon, avait déclaré qu’il s’agissait là d’un « engagement sociétal ». Et là, L’enseigne bleue du groupe Mulliez se trompe complètement. Une entreprise n’a pour seule loi que l’économie, laquelle est soumise au droit. L’économie est une science qui n’entretient aucun lien avec la morale donc, par définition, attribuer des valeurs morales à une entreprise est une absurdité. La seule morale que suit l’entreprise est celle des chiffres. Pour le reste, c’est une affaire d’Hommes. Et force est de constater que Décathlon a choisi de se positionner au regard des 300 milliards d’Euros de chiffre d’affaires que représentera dans quelques années le marché sur lequel elle souhaitait se positionner avec son hijab.
Ce qui a également suscité la polémique, ce n’est pas tant qu’une enseigne se positionne opportunément sur ce marché – Nike l’avait fait dans un relatif anonymat – mais que ce soit une enseigne française, particulièrement appréciée et appartenant à un groupe familial qui l’ait fait. En dépit de l’affection que je porte à cette entreprise, pour laquelle j’ai travaillée pendant quelques années avec beaucoup de plaisir, Décathlon a failli rejoindre la désormais longue liste des enseignes que je tente du mieux possible de boycotter : HetM, Sephora, Monoprix, Nike ou encore Marks&Spencer, lesquelles ont déjà cédé aux sirènes de l’argent sur l’autel du communautarisme et de la liberté des femmes de se vêtir.
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Reste qu’un voile demeure un voile. Et je ne cautionnerai jamais que l’on promeuve cet outil d’asservissement des femmes. Et encore moins dans l’optique de faire du profit.
Victor Petit