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J’avais prévu de traiter un sujet léger ce weekend, mais l’actualité tragique me conduit à changer mon programme. Vendredi matin, nous avons appris l’attaque terroriste de Christchurch. Avec effroi, j’ai visionné des images insoutenables. Il est terrifiant de constater à quel point l’être humain peut sombrer dans l’ignoble au nom de son idéologie. Car au même titre que n’importe quel terroriste islamiste, Brenton Tarrant (c’est son nom), n’est certainement pas un déséquilibré. Son manifeste de 70 pages, sa détermination et son acte sont au service des idées qu’il défend et il n’y a aucune démence au sens pathologique du terme là-dedans. Parler de déséquilibre, de folie – comme on a pu à mon sens trop le faire s’agissant des attaques islamistes ces dernières années – est une manière de fuite. Or en jetant ainsi le discrédit sur son ennemi, on se refuse de le combattre.
Casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre :
Cette tuerie a suscité beaucoup de réactions proprement idiotes, notamment celle d’Elina Dumont, chroniqueuse aux Grandes Gueules sur RMC, qui a proposé tout simplement l’interdiction du Rassemblement National. Comme dirait Serge Karamazov dans La Cité de la Peur : « Il dit qu’il voit pas le rapport… » En fait, si. Le rapport viendrait du fait que les idées prônées par Marine Le Pen et son parti nourriraient les thèses extrémistes et conduiraient à des actes terroristes perpétrés par des individus tels que l’éco-fasciste (c’est ainsi qu’il se définit) Brenton Tarrant. Alors qu’au 327ème attentat terroriste islamiste en France, on expulse 2 imams radicaux et on ferme une mosquée, on demande l’interdiction d’un parti politique pour un unique attentat d’un extrémiste de droite à 10 000 kilomètres de notre sol. Je ne sais pas d’où vient cette idée qui semble très française qu’il suffirait de supprimer un mot ou interdire un parti pour que disparaissent des idées comme par magie. Plus de mot « race » ? Plus de racisme ! Plus de Rassemblement National ? Plus d’extrémisme de droite. Pour autant, qu’Elina Dumont le veuille ou non, les idées perdureront.
Le terroriste de Christchurch faisant de nombreuses références à la France dans son manifeste, qu’il a d’ailleurs appelé Le grand-remplacement, probablement en référence à la thèse de Renaud Camus, les réactions ont été nombreuses pour incriminer des personnalités polémiques comme Alain Finkielkraut, Michel Houellebecq, Eric Zemmour ou encore Zineb El Razhoui, lesquelles posent régulièrement la question de la présence d’un Islam de plus en plus rigoureux en France. Or l’analogie entre l’acte du terroriste australien et cette question délicate ressemble à une confiscation malhonnête et indigne du débat que mérite cet enjeu. Il existe un changement de population ethnico-religio-culturel à grande échelle dans de nombreuses zones de notre pays et ceci a déjà été maintes fois démontré par les travaux sérieux de Gilles Kepel, Hugues Lagrange, Christophe Guilluy, Michèle Tribalat ou encore Jérôme Fourquet (Directeur du département Opinions de l’IFOP) qui ne sont pas connus pour leurs idées notoirement nationales-socialistes… Je renvoie ici à la note de lecture que j’ai consacrée au livre de Jérôme Fourquet, L’archipel français.
L’art de l’inversion accusatoire :
De nombreux tweets ont attribué la paternité de l’acte terroriste de Christchurch aux polémistes Camus, Finkielkraut, Zemmour, Goldnadel et compagnie (ce qui n’est pas sans rappeler la tuerie de Columbine aux Etats-Unis. La responsabilité de ce massacre avait été vite attribuée au chanteur Marylin Manson, connu pour la violence de ses textes, dont les deux jeunes tueurs étaient fans.). Ce qui est très amusant car ceux-là même qui attribuent la responsabilité de ces actes à ces personnalités sont précisément les premières à expliquer que les attentats islamistes : « ça n’a rien à voir, ni avec l’Islam, ni avec le Coran ». En dépit de toute cohérence, ils nous expliquent doctement que sans les écrits de ces personnalités médiatiques, il n’y aurait pas eu d’attentat à Christchurch. Or il y a les idées, et il y a ce que les Hommes en font. Ce ne sont pas les pensées de Marx qui ont généré 60 millions de morts mais ce que les hommes en ont fait. Ce n’est pas la fission nucléaire qui a fait des centaines de milliers de victimes à Hiroshima et Nagasaki mais ce que les Hommes en ont fait. De même que ce n’est pas le Coran qui sème la mort sur le globe, mais ce que les Hommes en font. Il y a quelque chose qui s’appelle le libre-arbitre. Or si le terroriste est jugé responsable de ses actes, il devra en répondre indépendamment de toute source d’inspiration. Si je lis Mein Kampf demain, je n’aurai pas envie d’envahir la Pologne après-demain pour autant. C’est par l’éducation, l’instruction et la transmission de la culture que l’on combat les obscurantismes quels qu’ils soient. Pas en pointant du doigt des concepts qui, jusqu’à preuve du contraire, ne savent pas tirer à la kalachnikov.
Par ailleurs, il ne faut pas nier qu’il existe une violence intercommunautaire au sein des sociétés occidentales multiculturelles. Christophe Guilluy a parfaitement montré que dans une société multiculturelle, l’autre ne devient pas soi. Dès lors, sa proportion devient importante et génératrice de revendications et de tensions. C’est par la fermeté et le respect intransigeant de nos valeurs, de nos traditions et de notre culture que nous lutterons contre le communautarisme et cette haine grandissante qui pourrit nos sociétés. L’historien grec Thucydide nous montre que la clé de voûte du « vivre-ensemble », si cher aux pompiers pyromanes de notre temps, est dans cette intransigeance et cette volonté de ne rien céder aux extrémismes religieux et politiques : « Les Hommes sont ainsi faits qu’ils méprisent ceux qui les ménagent, et qu’ils respectent ceux qui ne leur concèdent rien ». Et il serait proprement stupide, au nom de cet attentat, de s’interdire d’évoquer ce sujet.
Mauvaise foi communautaire : l’échec du vivre-ensemble
Enfin, ce terrible attentat a été l’occasion de raviver les tensions communautaires que l’on évoquait précédemment. Je prends l’exemple très parlant et qui a fait grand bruit sur Twitter, de cette accusation d’un deux poids deux mesures des journalistes, lesquels parleraient de « terroriste » s’agissant des islamistes, et d’un simple « tireur » s’agissant de Brenton Tarrant. Soyons clair, il s’agit purement et simplement d’un propos visant à dénoncer un pseudo racisme systémique de la classe médiatique qui chercherait à minimiser la responsabilité du terroriste blanc. Karim Zeribi a ainsi publié un tweet (ci-dessous) à deux doigts du complotisme. Or, en 4 secondes et trois mots tapés sur Google, on trouve trace d’articles de presse mainstream parlant de « poseurs de bombes » s’agissant par exemple des attentats islamistes de Madrid en 2004 ou de Londres. Les donneurs de leçons tels que Karim Zeribi, toujours prompts à accuser les responsables politiques de diviser les français, ne sont que des imposteurs et des faussaires au service de leur idéologie.
En définitive, cet attentat terrible a été traité dans les médias et sur les réseaux sociaux comme s’il avait eu lieu en France, notamment par le biais des accusations pesant sur la responsabilité d’un pseudo terreau idéologique français, source de motivation du terroriste. S’il faut rester extrêmement vigilant, nous ferions mieux de cesser cette autoflagellation et nous féliciter du fait qu’en dépit des centaines de morts et des milliers de blessés victimes de l’extrémisme islamiste en France depuis 2012, aucun attentat islamophobe n’a été perpétré. Le peuple français mérite notre confiance.
Victor PETIT