Donnez-moi ce sein que je ne saurais téter

Temps de lecture : 7 minutes

      Comme chaque semaine, les sept jours qui viennent de s’écouler n’ont pas été avares de mauvaises nouvelles dont l’une s’est nettement distinguée du lot. Un séisme a provoqué un raz-de-marée qui a ravagé une petite île de l’Océan Indien ? Niet. Un politicien au look de chef d’agence Carglass fortement inspiré par le modèle vénézuélien a pris d’assaut l’Elysée avec ses armées black blocs ? Nein. Il y a eu pire. Rokhaya Diallo a sorti un livre. Ainsi courre-t-elle les plateaux de télévision pour cracher sa bile anti-France, pays « systémiquement raciste » qui lui a pourtant permis d’écrire des livres, d’être chroniqueuse, animatrice ou encore de réaliser des documentaires le tout en bénéficiant régulièrement de grasses subventions lui permettant de taper sur les fachos de français (entendez « blancs » ici). Le racisme doit être entretenu par l’antiracisme pour continuer d’en faire commerce. Et l’une de ses interview (aux Grandes Gueules de RMC) a bien sûr été l’occasion de distiller quelques merveilles dont celles-ci : « J’ai passé ma vie à m’identifier à des figures qui ne me ressemblent pas ». Quand on passe son temps à tout observer sous le prisme de la carnation, on en vient à dire d’énormes conneries. Je ne vois pas bien en quoi elle s’étranglerait à prendre Jeanne-d’Arc, De Gaulle ou l’Abbé Pierre pour modèles. Nul doute que des étudiants blancs américains ont des portraits de Gandhi dans leur chambre. Nul doute que des étudiants blancs américains ont des portraits de Nelson Mandela dans leur chambre. Leurs différences avec Rokhaya ? L’universalisme et le racialisme. Rokhaya Diallo donne des leçons d’antiracisme en considérant comme anormal de s’identifier à des modèles qui ne lui ressemblent pas d’un point de vue de la couleur de peau. Ce qui est profondément raciste…

 

Mon mari donne le sein :

      Bref, je pensais avoir eu mon compte de mauvaises nouvelles. C’était sans compter un article du merveilleux magazine féministe Causette intitulé « Allaitement paternel : ‘ça a été une révélation et une évidence’ ». Bon, là je me suis dit ok, une entreprise a trouvé le moyen de faire un biberon qui se positionne sur le sein du bonhomme lui donnant l’impression d’allaiter son mouflet. C’est complètement tordu mais ça ne peut être que ça. Le problème, c’est que c’est bien pire. Une entreprise française qui s’appelle Lait Paternel propose des traitements hormonaux aux hommes afin qu’ils puissent produire du lait et donner le sein à leur mioche. En France, on n’est pas bien doué pour faire des GAFA. Des multinationales ultra-technologiques, pointues, qui embauchent des centaines de milliers de personnes à travers le globe, non, on ne sait pas faire. Mais une petite boîte qui propose aux hommes de leur faire pousser deux nichons pour allaiter… Cocorico !!! On n’a pas de pétrole mais on a des idées, c’est le moins que l’on puisse dire. Paul, l’un des premiers testeurs témoigne dans l’article. Pour expliquer sa démarche, il invoque deux raisons. La première est qu’il souhaitait s’impliquer dans la grossesse et les premières années du bébé autrement qu’en repeignant la chambre et en faisant les courses. La deuxième est qu’il voulait soulager sa femme de la pression sociale et maternelle exercée sur elle afin que les tâches soient partagées de manière équitable. Du coup : Lait paternel > pilules > nichons > allaitement : « Les trois premières semaines, je ne sentais pas grand-chose, puis j’ai commencé à avoir la poitrine qui gonflait, à ressentir des petits picotements… C’était assez étonnant, mais ça a aussi créé une vraie complicité avec ma copine » nous dit Paul. J’avoue qu’au moment où je lis ces lignes, j’ai une moitié de visage qui ne répond plus…

      Au-delà du côté insolite et grotesque, il y a plusieurs enseignements à tirer.

 

Transhumanisme en marche :

      En premier lieu, avec cette entreprise, le transhumanisme fait désormais partie du paysage économique français. Si la GPA n’est pas encore pratiquée sur notre sol, le fait de commercialiser un traitement hormonal pour augmenter le potentiel humain va pleinement dans ce sens. A ce titre, S’il existe un « Homme augmenté » nous dit le philosophe François-Xavier Bellamy, c’est qu’il existe au même titre un « Homme diminué ». Et cette volonté arrogante et prométhéenne de changer l’Homme n’indique pas tant un chemin vers le progrès que notre incapacité à habiter notre condition humaine, son imperfection, sa finitude, ses limites, son caractère imprévisible et contingent. Cette incapacité à embrasser notre condition humaine traduit une haine de soi doublée de dépression, nous faisant observer la technique comme relevant nécessairement du progrès, et nous rendant incapables d’aimer le présent pour la raison que le futur sera meilleur par principe. Non, la technique ne relève pas du progrès. Elle ne fait qu’ouvrir de nouvelles possibilités. Je considère que l’humain n’est plus humain quand sa nature est trafiquée par la technique, et qu’il y a là un réel danger dans ce nihilisme mortifère.

 

L’Homme, un animal culturel ET biologique :

      La deuxième chose relève justement de ce principe. Toute notre époque invite au rejet de l’idée qu’il existe une nature humaine, au même titre qu’il existe une nature animale. Comme l’Homme ne sait plus habiter sa condition limitée, il n’a de cesse, avec toute l’arrogance qui le caractérise, de considérer son espèce comme la seule au monde capable d’échapper à son déterminisme biologique, voire même qu’il n’est sujet à aucun déterminisme biologique. Tout serait construction sociale : vous, moi, Passe-Partout de Fort-Boyard, Rokhaya Diallo ou Conchita Wurst. Masculin, féminin, rien de biologique là-dedans. Seulement une construction binaire qui fige les identités dans une injustice qui a pour genèse la naissance. Car la naissance est une injustice. De notre prénom à notre sexe, nous n’avons rien choisi. Pour réparer cette injustice, notre époque considère désormais qu’il y a le sexe et le genre. Et que par notre seule volonté, indépendamment de toute dimension naturelle, l’on peut naviguer du masculin vers le féminin (en passant part toute une pléthore de nouvelles identités). La nature n’est rien. A tout le moins est-elle assujettie à la seule volonté de l’humain. Reste que cette théorie se heurte à la dure réalité. Pour allaiter, il ne suffit pas à Paul de le vouloir. La nature lui rappelle qu’il n’est pas programmé pour cela et que s’il le veut vraiment, il devra renier une partie de son humanité. Alors il se gave d’hormones… Il en est de même pour l’individu qui veut changer de sexe. Qu’il le veuille ou non, il pourra apprendre par cœur toute la théorie du genre avec Judith Butler, viendra le moment où il faudra passer chez un endocrinologue pour entamer un traitement hormonal. Entendons-nous bien, il est parfaitement légitime que des personnes en dangers physiques ou psychologiques puissent recevoir des traitements hormonaux leur permettant de changer de sexe. Il n’y a aucun débat sur ce sujet. En revanche, que l’on bouleverse l’ordre naturel des choses et que l’on en fasse commerce pour assouvir un délire égalitariste relève de l’absurde.

 

Homme-Femme : même mode d’emploi ?

      C’est le troisième point. Le néo-féminisme considère qu’il n’y a aucune différence de nature entre les hommes et les femmes. Tout est construit. Dès lors, pour répondre à ce besoin d’égalité, il n’y a aucune difficulté à considérer que les deux parents devraient exercer les mêmes tâches de manière identique. De ce raisonnement résulte un père qui prend un traitement hormonal pour modifier son corps sexué afin de pouvoir allaiter. Ce procédé dénote une incapacité à habiter son rôle de père qui, s’il ne doit l’exempter en rien de toutes les tâches qui lui incombent (nourrir l’enfant jour et nuit… au biberon, le changer, lui donner le bain…), n’est pas le même que celui de la mère à tout le moins physiologiquement. Ce procédé dénote également une incapacité à endosser son rôle parental autrement que sous le prisme de la mère. Je ne dis pas que c’est simple, loin de là. Mais l’homme n’est pas une mère comme les autres et la relation qu’il tisse avec l’enfant, si elle n’est pas physique au départ (et encore), est faite de bien d’autres choses (des regards, des attentions, des fâcheries aussi…) dont bien des individus sur Terre peuvent témoigner sans pour autant avoir tété leur père… Mais cet égalitarisme – qui résulte du fait que la moindre différence est considérée comme une injustice – fait également froid dans le dos en ce sens que plus aucune sagesse ne semble le raisonner. A l’instar de cette journaliste (Titiou Lecoq) qui, parce qu’elle estimait que ce n’était pas son tour d’aller chez le pédiatre, à préféré laisser son gamin souffrir et finir avec un tympan percé plutôt que de l’emmener à temps chez le médecin. Ce qui relève de la maltraitance au nom du sacro-saint principe égalitariste du partage des tâches (sachant que dans cette histoire, nous n’avons entendu que la version de la mère bien évidemment). En bref, le père et la mère sont identiques. Ils doivent être indifférenciés, interchangeables, parent 1 et parent 2… Voilà l’idéologie du néo-féminisme qui contraste avec le féministe historique (Antoinette Fouque, Sylviane Agacinski, Elisabeth Badinter…), lequel considère que pères et mères, par leur biologie et leur nature, ont des rôles à partager et d’autres bien distincts mais toutefois complémentaires. Ce qui semble frappé du bon-sens mais qui relève de nos jours du vil raisonnement réactionnaire.

 

Ethiquement vôtre :

      Le dernier point qui interroge, c’est qu’aucun comité éthique ne se penche sur le cas d’une entreprise privée qui propose ce type de protocole. Au-delà des effets secondaires, c’est surtout d’un point de vue moral qu’il y a un problème. L’Homme doit-il sacrifier sa nature sur l’autel de ses principes ? Je ne pense pas. Car les principes changent, l’Homme non. Ou alors bien moins vite… Ce qui est certain, c’est que l’Homme ne s’aime pas. Il est comme cet anorexique qui pèse 35kg et qui se voit obèse dans le miroir, la menace physique en moins. Bref, le problème est dans la tête et la solution ne se trouve pas dans cette manipulation dégénérée du vivant. Les milliards de femmes et d’hommes qui ont habité la planète et qui ont su aimer leur père et tisser des liens forts avec lui sans pour autant lui avoir mordu le téton peuvent en attester.

Victor PETIT

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