Voitura non grata

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Temps de lecture : 3,15 minutes.

       Plus de publicités pour les voitures thermiques. C’est le rêve de plusieurs députés qui ont déposé un amendement dans le cadre de la Loi d’Orientation des Mobilités. Visiblement, la victoire troisième place des verts aux dernières élections européennes donne des ailes. Plus sournoisement, le but affiché est d’interdire la publicité pour les voitures qui émettent plus de soixante grammes de CO2 par kilomètre. Ce qui revient à autoriser la publicité pour les seules voitures électriques et hybrides. On pourrait voir dans cette mesure une bonne idée visant à protéger la planète. Mais on peut surtout déceler dans cet amendement un énième délire technocratique de nos khmers verts hypocrites.

 

« Dans l’électricité nous croyons » :

      Car soyons clairs. Nous savons que les voitures électriques ne sont pas si vertueuses que cela. Leurs batteries nécessitent l’extraction de lithium, de cobalt ou de manganèse –principalement en Amérique du Sud – dont le traitement génère une pollution des sols ainsi que des intoxications et des maladies graves pour les populations locales. Même si les quantités nécessaires baissent, cette pollution demeure importante.  Pour les moteurs, d’autres métaux sont extraits et traités principalement en Chine, ce qui entraîne d’importants rejets toxiques. Ensuite, les pièces doivent être rassemblées des quatre coins du monde, ce qui n’est pas non plus du goût de la planète. Enfin, le recyclage des véhicules électriques demeure coûteux et… consommateur en énergie. Bref, on n’est pas loin de l’entourloupe. Le pire dans tout ce cinéma des écologistes, c’est cette prétention à combattre pour le bien de la planète, alors même que toute leur idéologie se fonde non pas sur l’éradication de la pollution, mais davantage sur son déplacement géographique. Pourrir les sols de Chine et d’Amérique du sud n’a aucune importante tant que la voiture électrique peut être promue et élevée au rang d’icône marketing.

L’autre hypocrisie réside dans l’utilisation du terme « véhicule électrique ». Car l’électricité ne provient pas de nulle part. L’on devrait davantage parler en France de « véhicule nucléaire ». Ce qui serait évidemment une hérésie pour les écologistes dont l’idée même de nucléaire réjouit aussi peu qu’un doliprane administré à un soldat amputé à vif des deux jambes sur un champ de bataille. « L’électricité est une énergie propre sur le lieu de consommation, mais elle peut être polluante sur le lieu de production » rappelle Claude Crampes, professeur émérite à Toulouse School of Economics. Et, on produit aussi des « voitures au charbon »… Mais pour la bonne cause, un prompt mensonge vaut mieux qu’une vérité qui dérange. Le terme « véhicule électrique » demeure.

« Le petit peuple nous méprisons » :

    La dernière chose qui me gêne dans cette affaire, c’est le mépris total pour les possesseurs de voiture. Je ne parle pas du type qui possède un gros SUV dans Paris. Je parle des millions de français qui vivent en périphérie, dans des petites communes, dans la France rurale. Ces français qu’on traite de beaufs « qui fument des clopes et roulent au diesel » (Benjamin Griveaux, Porte-parole du Gouvernement Macron). Ces français à qui l’on dit qu’ils ne sont rien d’autre que des ordures de pollueurs, que l’on culpabilise à coût de taxes carbone (pour financer les gabegies de l’Etat) ou de contrôles techniques toujours plus chers et fréquents, alors même que des années durant, on les a encouragés à acheter du diesel. Ces français qui vivent dans des territoires que l’Etat a abandonné au profit des métropoles. Ces français qui n’ont pas d’hôpital à proximité, pas de médecin, pas de maternité, pas de maison de retraite, pas d’école proche de leur lieu de vie. Ces français qui n’ont d’autre choix que d’avoir une voiture pour conduire les enfants à l’école, aller travailler et rendre visite à la grand-mère, multipliant les kilomètres. Ces français qui n’ont d’autre utilité que payer en permanence et dont les faibles revenus n’offrent quasiment aucune perspective de passer à l’électrique. Par cette mesure, on considère pleinement que ces français n’existent pas. On n’entend pas leurs préoccupations, leurs problématiques du quotidien. On ne les voit même pas en l’occurrence. Parce que la voiture leur est indispensable et parce qu’on leur dit que celle-ci doit disparaître, on leur fait comprendre qu’ils sont des nuls, des médiocres, des moins que rien dont le mode de vie est parasitaire. Les voitures électriques sont chères ? Lorsqu’on habite dans la Creuse, la première station de chargement est à des dizaines de kilomètres ? Peu importe. Les khmers verts n’ont aucune pitié pour ces petites gens. Interdire la publicité pour les voitures au nom de l’écologie, c’est les tuer ontologiquement. Pendant ce temps, 94 paquebots en Europe polluent autant que 260 millions de voitures

      Talleyrand disait : « Tout ce qui est excessif est insignifiant »… Par son mépris pour ce peuple « insignifiant », cette mesure est excessive.

 

Victor Petit

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