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Benjamin Griveaux s’est retiré de la course à la mairie de Paris. Loin de moi l’envie de palabrer sur cette affaire sordide dont les tenants et les aboutissants sont détenus par un russe en asile politique, un obscur avocat menteur et manipulateur d’extrême-gauche et une étudiante intrigante. Ce qui me choque dans toute cette histoire, c’est que Griveaux cède à ce qu’il y a de plus laid dans la politique, à savoir la communication politicienne. Ce n’est guère surprenant, et c’est bien le pire. Car que peut-on reprocher à Griveaux ? Rien. Cette histoire relève d’une affaire privée entre deux adultes consentants. Rien n’est illégal, et pourtant. Face à la vindicte, Griveaux n’a pas su tenir bon.
Certes, Griveaux aurait peut-être dû se montrer plus vigilent. Aurait-il seulement pu se maintenir ? Que l’on ne se pose même pas la question en dit long sur l’état de la politique française qui ne tient plus par le fond, mais uniquement par la forme. On a vu la truite de Griveaux ? Et alors ! Clinton n’a jamais cédé devant l’affaire Levinsky. Trump est devenu Président des Etats-Unis alors que des scandales sexuels lui chatouillaient les noisettes avant même l’échéance finale. En France, on démissionne, même quand il n’y a rien de mal. Mitterrand doit se fendre la poire en regardant cela d’en haut.
Griveaux aurait gagné mon respect éternel s’il avait dit : « J’assume. Mes épaules sont assez larges et mes convictions vont au-delà de cela ». Car le meilleur moyen de faire cesser ces manœuvres ignobles qui moralisent à outrance la vie politique (et la vie tout court), c’est de ne pas céder. Pourquoi, pendant longtemps, seuls les civils français étaient enlevés au Sahel ? Pourquoi les israéliens, les russes et, dans une moindre mesure, les américains étaient très peu visés ? Parce que seuls les français se couchaient et payaient les rançons. Les autres ne se fatiguaient pas en négociation, ne cédaient pas ou adoptaient la force. Le respect se gagne par l’autorité, pas dans la soumission.
Evidemment, les Marcheurs n’ont pas manqué l’occasion de fustiger l’anonymat des réseaux sociaux. Je n’ai moi-même aucune certitude quant à l’usage de l’incognito sur internet, mais le problème ne résidait pas là puisque la fuite avait été orchestrée par des individus clairement identifiés (dont l’inénarrable député Son-Forget). Bref, c’était encore un tir à côté de la cible. Il eût été autrement plus courageux et judicieux de soutenir Griveaux, de le confirmer et de ne pas céder à ce chantage. Ce qui aurait été un message fort pour beaucoup d’anonymes victimes de ce genre de manœuvre. La peur doit changer de camp. Et la politique doit être autre chose qu’un simple concours du meilleur gendre idéal…
Notons que Pavlenski, le russe qui a fait fuiter la vidéo, était recherché depuis un mois et demi pour avoir donné des coups de couteau à un individu lors de la nuit de la Saint-Sylvestre. Il aura fallu qu’il s’attaque à une éminence grise de l’entourage présidentiel pour qu’il soit immédiatement arrêté. Ceci n’est pas sans rappeler l’auteur d’un cambriolage chez François Hollande et Julie Gayet, algérien de son état, qui aura été immédiatement arrêté et surtout, expédié manu-militari vers son pays d’origine. La justice est pourtant rarement aussi réactive quand la victime appartient au commun des mortels… avec des conséquences souvent terribles.
Comme ce 1er octobre 2017 quand Anouar Hanachi, ressortissant tunisien en situation irrégulière, connu des services de police français et italiens et qui avait fait le djihad en Syrie, avait égorgé et éventré Maurane et Laura, étudiantes et cousines de 20 et 21 ans, gare Saint-Charles à Marseille. Une procédure d’expulsion avait bien été lancée deux jours plus tôt mais n’avait pu aboutir car la préfecture des Bouches-du-Rhône n’avait pas donné son accord du fait de l’absence d’une personne ayant autorité pour signer la procédure d’expulsion et de placement en détention… Petit détail bureaucratique qui aura coûté la vie à deux jeunes femmes. S’agissant du cambrioleur de l’ancien Président et de sa dulcinée, nul doute qu’un signataire a dû rapidement être trouvé. Les voies du Pouvoir sont impénétrables…
Victor Petit